11 choses que je ne ferais jamais au resto après avoir été serveuse pendant 15 ans

Tu vas peut-être apprendre que tu es « cette personne ».

Rédactrice en chef, Narcity Québec
Cliente insatisfaite au restaurant. Droite : Izabelle Bee.

Cliente insatisfaite au restaurant. Droite : Izabelle Bee.

Cet article d’opinion fait partie d'une série de Narcity Media. Les opinions exprimées sont celles de l'auteur.trice et ne reflètent pas nécessairement la position de Narcity Media sur le sujet.

On dirait qu'il faut avoir travaillé dans la restauration, ou au moins dans le service à la clientèle en général, pour développer un regard différent sur la société. Quand tu as eu un emploi au salaire minimum à pourboire (qui était de 7,25 $ de l'heure quand j'ai commencé), tu comprends sincèrement la valeur d'un bon service à la clientèle, mais aussi les choses à faire et à éviter à tout prix en tant que consommateur.trice.

La restauration peut être un domaine très payant, mais à quel prix? En tant que personne ayant œuvré dans l'univers des restos et bars pendant 15 ans, je me permets de vous confier onze choses que je ne ferai jamais en tant qu'ancienne employée. À toi de voir si tu es cette personne que les employé.es de service pourraient maudire après leur quart de travail, alors qu'ils et elles ont (enfin) un moment pour s'assoir après sept ou huit heures sans pause réelle. Parce que oui, quand tu es en pause au resto, tu es rarement vraiment en pause...


Exiger une table dans une section fermée du restaurant

Il y a une raison pourquoi les restaurants ferment des sections : c'est pour mieux servir les client.es. J'ai personnellement travaillé dans un endroit ayant 200 couverts et même si la banquette est bien alléchante, si elle est dans une section fermée, tu auras malheureusement — par défaut — un moins bon service parce que la personne qui te sert n'y est pas souvent. On garde les tables proches pour avoir un contact plus direct et fréquent avec les client.es.


Demander plus de deux changements dans un plat

Ce point peut susciter la controverse, et il s'adresse aux restaurants avec un.e chef.fe, pas à la restauration rapide. Si tu vas chez McDo, commande-le ton Big Mac sans cornichons, extra tomates, extra moutarde avec juste un peu d'oignons, mais pas trop.

Quand tu te présentes dans un établissement avec un menu élaboré par un.e chef.e, tu peux demander quelques changements en fonction de tes intolérances et allergies. Si tu veux une salade de figues et chèvre, mais remplacer les figues par des pommes et le chèvre par du cheddar... Change de plat, tu ne veux juste pas celui-ci.


Argumenter sur un prix ou un extra

Ce point peut être lié au dernier. Le prix affiché est choisi pour le plat tel quel. Si tu veux changer des ingrédients, tu dois t'attendre à débourser, même si ça ne semble pas logique à tes yeux : « Ben là, tel ingrédient est plus cher, ça ne devrait pas déranger ».

La réalité, c'est que ce n'est pas le ou la pauvre serveur.euse qui fait les prix ni les politiques, et il ou elle ne peut rien y changer. Souvent, c'est juste fait comme ça dans le système informatique, et le ou la gérant.e manque drastiquement de flexibilité.


Arriver moins de 30 minutes avant la fermeture

Pourquoi être ouvert si on ne veut pas servir? Je comprends, et les propriétaires de restaurants n'aimeront sans doute pas ce point. Selon moi, si tu veux un bon service dans un restaurant, tu dois arriver au moins une heure avant la fermeture. On ne parle pas des fast food dans ce point, encore une fois.

Arriver tardivement, et terminer son repas après les heures officielles, ça va forcer les employé.es (autant en cuisine que sur le plancher) à rester plus tard. Comme tu es le ou la seule table, les personnes ne feront pas grands sous comparativement au temps de plus passé à l'établissement. Et, même si éthiquement — et légalement — c'est débattable, certains endroits payent jusqu'à l'heure de fermeture, peu importe la vraie heure de départ de l'employé.e.

Bref, si tu arrives dernière minute, tu peux te présenter en connaissant déjà ta commande, et en promettant de quitter rapidement, et/ou, offrir un généreux pourboire pour le temps d'extra qui sera fait.


Ne pas respecter les règles de base pour un groupe

Au Québec, contrairement à plusieurs endroits, comme l'Europe, c'est approprié de demander 15 factures différentes pour un groupe de 15. On est flexibles et on le fait avec plaisir. Par contre, si tu demandes 15 additions qui se sont pas égales, tu dois passer toute ta commande au même siège, ou aviser la personne qui s'occupe du service si tu changes de place. La ou le serveur.euse assigne chaque commande à une place à la table, et ne peut pas deviner que tu as changé de place entre ta commande d'entrées et de repas.

Si c'est un 5 à 7 debout, la méthode que j'aurais tendance à privilégier serait de payer les consommations au fur et à mesure, idéalement en argent comptant.


Assumer que la personne qui me sert a de l'intérêt parce qu'elle est gentille

Un classique. Les employé.es de restaurants et bars sont payé.es pour être gentil.les, attentionné.es et patient.es. Ne sois pas la personne déplacée qui prend pour acquis que la serveuse ou le serveur est intéressé.e et veut se faire draguer sur le travail. On est en 2023, les signes de consentement sont très clairs et connus. Sans signe clair, ne prends pas action, et surtout pas devant tout le monde. Et non, ce n'est pas parce que tu es un.e client.e régulier.ère que les employé.es te veulent dans leurs ami.es Facebook.

Par le passé, des clients sont venus me voir après le souper, après avoir payé, en me laissant leur numéro de téléphone sur un bout de papier et m'invitant respectueusement à les contacter, ou pas. Je pense qu'il y a moyen de le faire poliment, mais jamais devant le reste des client.es ou de la table, et jamais avant d'avoir payé alors que la personne est dans une position de malaise où elle se demande si son pourboire va écoper.


Se lever pour aller chercher ses choses soi-même

Si tu es dans un restaurant déjeuner et que tu veux le ketchup sur la table voisine, gâte-toi. Mais ce n'est jamais approprié d'aller dans l'aire des serveur.euses se faire un petit remplissage de café, se prendre des napkins ou aller se chercher une autre fourchette. Tu ne rends pas service, tu fais mal paraître la personne responsable de la table, et tu franchis des limites à ne pas franchir. Pire, j'ai déjà vu des (oui, des, comme à plusieurs reprises) client.es entrer dans des cuisines, car ils ou elles cherchent leur serveur.euse ou le ou la gérante. C'est non.


Laisser mes ami.es faire un gros bordel

J'ai travaillé dans plusieurs bars dans ma vie, et oui, les adultes sont aussi, sinon plus chaotiques que les enfants, lorsqu'ils sont en boisson. Déchirer un napperon, se lancer du popcorn, « jouer des tours », il n'y a rien que je n'ai pas vu. Les employé.es de la restauration ne sont pas du personnel d'entretien ménager ni des babysitters. Ils et elles sont payé.es pour donner un bon service de nourriture, pas pournettoyer les autres. Comme dirait ma grand-maman : si tu ne sais pas te tenir en public, on va rester à la maison.


Toucher un.e employé.e

Non. Ne prends pas la barmaid par la hanche en allant aux toilettes, ne prends pas personne dans tes bras en quittant l'établissement, à moins de la connaitre et d'avoir un signe très clair que c'est oui. Si tu veux l'attention, utilise ta voix ou ton regard, ça fonctionne.


Manquer de respect à un.e employé.e

Il n'y a pas de sot métier. On répète tous ensemble : il n'y a pas de sot métier. Il n'y a aucune raison de claquer des doigts, siffler ou crier après tout employé.e de service à la clientèle.

Dire SVP, merci, et éviter de parler au téléphone pendant qu'on commande, c'est juste la base. Et on ne va même pas parler des : « Tu vas m'donner... »


Ne pas laisser de pourboire

Une autre grosse controverse. Je pense que dans toute ma vie, ça m'est arrivé une fois, parce que le service avait été exécrable et la serveuse avait drastiquement manqué de tact et de professionnalisme face à la situation. Le débat de « mais c'est les employeurs qui devraient payer plus cher leur staff », c'est vrai, mais ce n'est pas la réalité.

Au Québec, les employé.es de la restauration sont payé.es en prenant pour acquis qu'ils et elles auront en moyenne 15 % de pourboires sur leurs ventes à la fin de leur quart de travail, avant le partage avec les autres employé.es. À moins d'une situation exceptionnelle, si le service est juste correct, mais qu'il fait la job, donne ton 15 %. S'il est excellent, tu sais aussi quoi faire!

D'ailleurs, il n'y a pas juste l'argent — même si c'est le meilleur moyen selon moi — pour récompenser un bon service. Les sites de reviews comme TripAdvisor, Avis Facebook, Avis Google sont regardés de près par les propriétaires de restaurant. Laisser un avis positif et nommer le prénom de l'employé.e peut faire une belle différence aux yeux de son ou sa patron.ne.

P.S. : Ne vole pas les restaurants, SVP.

Izabelle Bee
Rédactrice en chef, Narcity Québec
Izabelle Bee est la rédactrice en chef de Narcity Québec. Elle est spécialisée en téléréalités québécoises, beauté et restos, et réside dans le Grand Montréal.
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